Dimanche soir, en regardant notre bon Premier ministre nous expliquer le CPE-qu'on-a-pas-compris-parce-qu'on-est-désinformés-voire-manipulés, je me suis violemment demandé à quoi servait la présentatrice du 20h : à lui servir la soupe, ou à poser les bonnes questions ?
Je m'explique : si Claire Chazal avait manifestement préparé quelques relances pseudo-vachardes sur la mobilisation et la contestation, elle s'est montrée en revanche incapable de réagir aux propos de son interlocuteur qui posaient pourtant questions.
Exemple : Villepin affirme que le CPE ne remplacera pas le CDI, ne s'y substituera pas, que ceux qui signaient auparavant des CDI continueront à le faire. Et là, pas de réaction. La moindre des choses eut été de lui demande ce qui, dans le texte de la loi, permettait de garantir celà, ou au moins quelles étaient les mesures qu'il comptait prendre pour le garantir.

Journaliste pendant quelques années, j'ai souvent, au cours de discussions avec des amis, défendu la profession, soutenu que dans la plupart des rédactions, les pressions économiques ou politiques étaient exceptionnelles, et que, si elles avaient lieu, les journalistes savaient y résister dans l'immense majorité des cas. Les "Tous pourris à la solde du pouvoir", c'est pas mon truc.
Mais là, je commence à m'interroger franchement sur la capacité de certains à mener ce type d'entretiens. Je sais qu'il est très difficile d'interviewer quelqu'un en écoutant et comprenant ce qu'il dit pour y réagir sur le vif. C'est peut-etre ce qu'elle n'a pas su faire ce soir-là. Mais c'était peut-etre parce que l'entretien avait été tellement préparé et validé par Matignon qu'elle ne pouvait sortir de relances prévues et contraintes. Auquel cas ce n'est plus du journalisme : c'est de l'animation.